#10AnsDeTrésors le pot des amis et partenaires

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Le pot des amis et partenaires de l'exposition 10 ans de trésors a eu lieu le 5 juin à la Bnu. C’était aussi l’occasion d’assoir un peu plus le parcours, accessible uniquement sur réservation. Lire le discours… 

Photo de l'inauguration des #10AnsDeTrésors

le discours d’Aude Therstappen

Le pot des amis et partenaires de l'exposition 10 ans de trésors a eu lieu le 5 juin à la Bnu. Des manuscrits et incunables jusqu'aux œuvres d'artistes contemporains, c'était une belle occasion de montrer l'étendue des documents collectés aujourd'hui pour constituer le patrimoine de demain.
Lire le discours d’Aude Therstappen : 

Dans une conférence prononcée devant des architectes, Michel Foucault formulait la thèse selon laquelle certains lieux étaient hors du temps. Il les appelle alors des « hétérotopies du temps » et il cite en exemple les musées et les bibliothèques.
« […] musées et bibliothèques sont des hétérotopies dans lesquelles le temps ne cesse de s’amonceler […] l’idée de constituer un lieu de tous les temps qui soit lui-même hors du temps, et inaccessible à sa morsure, le projet d’organiser ainsi une sorte d’accumulation perpétuelle du temps dans un lieu qui ne bougerait pas, eh bien, tout cela appartient à notre modernité.»
Chez Foucault naturellement, ce projet est analysé avec le regard critique de l’historien, qui est absolument indispensable.
L’exposition que nous vous présentons aujourd’hui est en quelque sorte une illustration de cette hétérotopie. Nous vous invitons en effet à une plongée dans l’univers des bibliothèques et de leur vocation de collecte du patrimoine, une vocation particulière mise à l’honneur cette année où Strasbourg a été désignée capitale mondiale du livre.
Dans cette exposition, la Bnu dévoile une sélection de pièces qui ont rejoint ses collections pendant les dix dernières années. Incontournables comme les manuscrits et les incunables, insolites comme un globe céleste ou encore plus inattendus peut-être comme des caractères typographiques ou des œuvres d’art contemporaines.
Vous le verrez, les documents exposés sont très divers et le parcours est le reflet de cette hétérogénéité. Une part de subjectivité dans la sélection est assumée et c’est aussi l’occasion pour nous de réfléchir à nos choix et de les confronter au regard du public.
Le mode d’entrée de ces documents dans les collections est multiple : acquisitions sur budget de l’Etat, souvent réalisées avec le soutien du FRRAB et de la Région Grand-Est mais aussi de nombreux dons des auteurs ou de leurs descendants, le dépôt d’une communauté ecclésiastique dans le cas des frères franciscains, des collectes initiées par les bibliothécaires comme dans le cas des textes clandestins des dissidents d’Europe de l’Est ou encore le mécénat pour l’almanach astronomique.
L’histoire de la Bnu confère une résonnance particulière aux dons. En effet, après l’incendie initial qui avait anéanti les collections en 1870, c’est bien grâce aux dons de centaines de particuliers, de bibliothèques ou encore d’institutions de tous les pays, que les collections ont pu être reconstituées. Que les dons soient spontanés ou bien suscités par des collectes, qu’ils viennent de professeurs d’université, de collectionneurs, de savants, d’écrivains, de musiciens ou d’institutions, ils forment une grande partie de la richesse de notre patrimoine et nous vous en remercions ici ce soir.
Le parcours qui vous est proposé présente une sélection de documents qui nous ont semblé emblématiques dont l’éclectisme reflète celui des collections de la Bnu depuis leur origine. Je ne les décris pas plus avant, vous les découvrirez dans l’exposition. J’insiste simplement sur la place des documents d’archives : parchemins, brouillons, étoffes pliées et cachées pour échapper à la censure, dessins, maquettes de livres, calligraphies, les documents exposés racontent aussi les possibilités infinies de l’écrit. Ces dernières années, la Bnu a consacré une grande part de ses forces à collecter un nombre croissant de fonds d’archives, documents toujours uniques, classés et catalogués, reflet du travail intellectuel ou artistique de grandes personnalités en lien avec notre territoire et qui constituent les matériaux pour la recherche de demain.
Témoin de l’histoire et des savoirs, le patrimoine est la trace visible de notre identité commune, préservée pour l’avenir. Hétérogènes voire hétéroclites, les documents présentés offrent une image inévitablement fragmentée de notre rapport au monde et aux savoirs aujourd’hui considérés comme dignes d’être collectés. En interrogeant le rôle des bibliothèques comme lieux de mémoire, l’exposition nous invite donc à parcourir les éléments de cette mémoire en construction.
Il me reste enfin à remercier ici les organismes et institutions qui soutiennent les acquisitions patrimoniales de la Bnu : le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, la direction régionale des affaires culturelles d’Alsace et la région Grand Est qui nous permettent de bénéficier du dispositif du FRRAB. Les organismes et institutions partenaires, l’académie de Strasbourg, le ministère de la culture et la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg. Merci également aux collectionneurs, donateurs, artistes, maisons d’édition et galeries qui ont rendu possible cette exposition et enfin au personnel de la Bnu, Alain Colas, son directeur, Jérôme Schweitzer et Benoît Wirrmann pour la coordination du projet, Frédéric Blin, directeur du Pôle Services et collections, les responsables de collections et les spécialistes qui ont rédigé et relu des articles, David Brunner et Yann Dankert pour le montage, Les collègues de l’atelier de restauration, les équipes qui ont catalogué ces fonds, les collègues de l’atelier photo de la Bnu qui ont été au cœur de ce projet, les équipes de la médiation, diffusion et de la communication et enfin un grand merci tout spécialement à Jean-Pierre Rosenkranz et à Alexandre Szmidt qui nous ont permis de réaliser le très beau catalogue de cette exposition.